Farewell Andy

Je suis si triste…J’aurais aimé apprendre encore plus de toi…Tu as été une lumière pour moi. Tel $\alpha$ Ursae Minoris, tu as brillé avec éclat dans la petite constellation de mes éducateurs. Ton éclat était sans doute plus que ce que cette terre pouvait supporter. Maintenant que tu nous as quitté pour un autre monde, souviens-toi de ton cher “Adry”, jusqu’au jour où nous serons de nouveau réunis pour l’éternité…

Mon père, Me André-Marie Owono, fut un homme exceptionnel. Il fut de ceux dont a besoin un pays comme le Cameroun pour sortir de sa léthargie. Il fut artisan de la justice, il aimait la justice pour les autres, peu importe ce qui lui était servi en retour. Mon père était passionné par son travail, un travailleur acharné et perfectionniste, toujours en quête d’une version améliorée de lui-même, sur les plans humain, intellectuel, artistique, spirituel et vestimentaire. “Andy Beau Gars”, tel était son petit nom affectif, qu’il aimait lui-même utiliser pour amuser la galerie familiale. Mon père était sensible, attentif et compatissant à la tristesse d’autrui. Mon père était un éducateur, partisan de l’éducation par l’exemple, de la libre orientation personnelle, et de l’auto-responsabilisation.

Grand adepte de l’excellence, il a toujours su m’amener très simplement à donner le meilleur de moi-même dans tout ce que j’entreprends: “Adrien, c’est un très bon résultat, toutes mes félicitations! Si tu arrives à maintenir ton rang jusqu’à la fin de l’année, tu auras un très beau cadeau”. C’est en ces termes qu’il s’addressait à moi au terme d’un premier trimestre d’études dans une classe du collège très compétitive, où j’étais parvenu à me hisser à la première place. Le cadeau dont il parlait, ce n’était rien de matériel comme ce à quoi peut s’attendre un jeune garçon de cet age. C’était bien plus grand. C’était le soutien intarrissable et indéfectible qu’il allait toujours m’apporter tout au long de mes études, de ma vie professionnelle et personnelle. “Adrien, soit patient, ton tour viendra” me soufflait-il à chaque fois que je doutais. C’est l’héritage le plus précieux qui soit.

J’aurais aimé voyager à travers le monde avec toi; te faire goûter des plats tous plus délicieux les uns que les autres, toi qui avait le palais si fin; te faire visiter les oeuvres parmi les plus impressionnantes de l’esprit humain. T’emmener dans les hauteurs de la Tour Eiffel, te faire toucher du doigt les merveilleux produits de l’ingénierie aéronautique à Toulouse, voir ce match de foot de Chelsea au Stamford Bridge de Londres avec toi. J’aurais voulu que tu passes plus de temps avec ta belle-fille, que tu prennes ta petite-fille dans tes bras, qu’elle sente le réconfort, la sécurité et l’amour que j’ai ressentis à chacune de nos étreintes. La 23ème crête de l’onde Mai 2020 m’a privé de ta délicieuse et rassurante voix, et réduit à néant nos projets terrestres, mais ta chaleur et ton sourire restent indélébilement marqués au plus profond de moi. Je resterai ton rocher, comme dans cette carte de voeux que tu m’as écrite un matin de 2008. Je veillerais sur “nos trésors”, comme tu l’as souhaité. Tes conseils sont difficiles à suivre: “ne gardez pas rancune”, “pardonnez toujours à qui le demande”, “soyez réfléchis et respectueux”… Mais comme tu me l’as toujours dit, “la voie des Grands Hommes est parsemée de difficultés, et on ne devient Grand qu’en les surmontant avec courage”. Je me battrais donc au mieux pour que tes conseils te survivent.

Repose en paix André Papa

Me Owono

Note: Merci Cristina pour ta relecture et tes conseils

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