Ma rencontre avec Schopenhauer
Quelque chose m'a fait trainer mon corps à la fnac la semaine dernière (Jeudi 3 mai 2018), à la recherche d'un cadeau pour ma bien aimée. Je suis tombé sur Arthur Schopenhauer à la place: "L'Art d'avoir toujours raison", suivi de 2 autres textes du même auteur: "La lecture et les livres" et "Le penseur personnel". 3 textes courts mais lourds de conséquences pour moi.
Avoir toujours raison
Dans le premier, l'auteur donne une liste de stratagèmes (environ 35) pour mener et gagner un débat. J'y apprends qu'Aristote a des écrits sur le sujet: "Les Topiques". Ces Topiques se rajoutent donc à la liste des lectures à absolument faire, moi qui presque toujours peine à acquerir à ma cause le maigre public qui assiste à quelques rares occasions où j'ai eu à débattre avec des personnes de mon entourage.
Le lecteur frénétique
La lecture, c'est de ça qu'il est justement question dans le texte de Schopenhauer qui suit l'Art d'avoir toujours raison. L'auteur y émet quelques thèses (auxquelles je pouvais en quelque sorte m'attendre) qui me poussent à penser que je devrais reffreiner ma propension à lire les textes d'autres penseurs. Par exemple, il émet l'opinion que lire quelqu'un, c'est quasiment rentrer dans la tête de ce dernier, et donc penser comme lui, ou du moins essayer de penser comme lui, ou encore suivre les "traces de ses pas dans la neige, montrant le chemin qu'il a emprunté pour arriver à une certaine connaissance", mais, ce faisant, on ne peut pas voir la même chose que lui simplement en suivant ses pas, il faut se servir de ses propres yeux pour essayer de voir ce qu'il a vu. Tout ceci pour signifier qu'il ne faut pas se contenter de faire une foule de lectures, mais il faut encore excercer sa propre pensée entre 2 lectures afin de ne pas complètement noyer la pensée critique dans la foule d'idées reçues de l'extérieur qui s'opère par la lecture. L'auteur conseille également de ne lire que les bons penseurs, dont la grandeur d'esprit ne souffre d'aucun doute ou presque. Il faudrait donc accorder de l'importance aux grands penseurs de chaque époque, depuis "Les Anciens" grecs, jusqu'aux auteurs les plus contemporains, en ayant une préférence pour les auteurs contemporains qui ne pondent pas nécessairement un nouveau livre tous les 4 matins pour le simple besoin du commerce, car les moins médiatisés sont souvent les plus bons. Il se pose avec cela la question de comment identifier les bons auteurs des mauvais ? C'est une question à laquelle je devrai répondre moi même, en tant que partie intégrante de mon processus de formation d'un système pensées bien à moi, processus qui m'a été comme "dicté" par la lecture du dernier texte du livre: "Le penseur personnel".
Le penseur
Dans ce dernier texte, Schopenhauer souligne l'importance de posséder justement son propre système de pensées, afin que le "moi pensant" ne se fasse pas éclipser par le "moi paresseux" se reposant entièrement sur les idées d'un autre "moi pensant", extérieur au moi personnel, phénomène qui se produit quand on se laisse aller à la lecture gloutonne et effrénée non entrecoupée de pauses visant l'assimilation de ce qu'on a lu et la comparaison avec son système de pensées personnelles.
Ma rencontre avec Schopenhauer s'achève donc par une résolution à former pour mon propre compte mon système de pensées, et ce en m'exerçant régulièrement à examiner et à approfondir mes pensées. Il est vrai qu'il y en a bon nombre qui me viennent souvent à l'esprit, et que je laisse régulièrement filer sans chercher à les systématiser et à les mettre sur écrit pour en examiner l'essence et la portée. Je m'engage donc à la sortie de cette lecture courte mais ô combien importante, à former ce système de pensées. Celà commencera par une tentative de définition de ce qu'est au juste un système de pensées.
Qu'est-ce qu'un système de pensées?
La première chose qui me vient à l'esprit quand je me pose cette question c'est: un ensemble structuré de pensées portant sur un domaine en particulier ou sur un ensemble de domaines, formant un tout compact et indissociable. Les pensées qui constituent ce système se doivent d'être liées d'une façon ou d'une autre. L'ensemble doit avoir une cohérence. En définitive, je peux même dire qu'un système de pensée est une théorie au sens "scientifique" du terme, ce qui implique qu'il possède:
- des axiomes ou prémisses, qui sont des éléments de bases dont la vérité est admise
- des propositions qui reposent sur les premisses, en sont des combinaisons en quelque sorte
- des théorèmes qui constituent les thèses de la théorie ou du système de pensées, qui peuvent être démontrés à l'aide des prémisses et des propositions
- des corrollaires qui sont les conséquences des théorèmes et des propositions
Qu'est-ce qu'une pensée?
Mais j'y pense, avant même de définir ce qu'est un système de pensées, suis-je certain d'avoir même une idée de ce que peut être son unité fondamentale, j'ai nommé: Une pensée ? La réponse est non, alors je vais tenter une définition.
Une pensée, c'est un mouvement de l'esprit, un passage de l'état d'inconscient à l'état de conscient d'une vérité, d'une réalité ou de tout autre élément matériel ou idéel, qui se manifeste par une sorte de "voix" dans la tête, qui questionne ou qui affirme, ou alors fait les deux à la fois, dans un ordre quelconque. Soit elle affirme avant de questionner, soit elle fait l'inverse. Il est difficile de m'imaginer une situation où elle ferait les deux de façon simultanée.
Cette définition de la pensée me permet donc de revenir sur ma première définition de ce qu'est un système de pensées.
J'ai dit qu'une pensée est un mouvement, et qu'un système de pensées est un ensemble de pensées. C'est donc un ensemble de mouvements, et en définitive une dynamique. Et puisqu'il s'agit de l'esprit humain, c'est une dynamique de l'esprit humain. Une conséquence est donc que le fonctionnement d'un esprit humain peut être analysé par l'étude de son système de pensées. En établissant mon système de pensées, j'aurai donc à priori une chance de savoir comment fonctionne mon esprit.
Qu'est ce que l'esprit humain?
Mais quelque chose d'implicite s'est glissé dans tout ce que je viens de dire. En effet, je semble supposer que je sais ce que c'est qu'un esprit humain. Non seulement ça, mais je présuppose que l'esprit est quelque chose qui peut avoir au moins 2 états: l'immobilité et la mouvance. Dans son état de mouvance, il génère une ou plusieurs pensées. Mais dans ma définition de la pensée, celle-ci n'était qu'UN mouvement (sous-entendu: "parmi tant d'autres"). Je laisse donc entendre qu'il pourrait y avoir d'autres mouvements de l'esprit qui ne seraient pas des pensées ? J'examinerai plus tard cette question. Pour l'instant, mes élucubrations sur l'esprit me semblent satisfaisantes, j'accepte donc comme tel les sous entendus et les pré-supposés que j'ai pu faire.
Une motivation pour le futur
Je débouche au final sur une motivation pour créer mon système de pensées: étudier la dynamique de mon esprit. Mon systéme de pensées devra s'étaler sur toutes les disciplines que je trouvent attrayantes: les mathématiques, la physique, la philosophie, l'économie, la programmation, la société, la nature.